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  • Chapitre 1 : les origines

                Si l’on considère le karaté comme un art martial traditionnel, il est pourtant assez jeune du haut de ses 100 ans passés. En effet, il est relativement récent dans l’histoire guerrière asiatique lorsqu’on le compare à des méthodes plus vieilles parfois de 2000 ans. C’est le cas de son ancêtre le kung-fu qui tire lui-même ses origines du kalarippayatt et du Chuan-Fa. Le karaté n’ayant pas été créé de toute pièce, il a en fait des racines très profondes qui s’enfoncent dans la Chine ancienne et dans l’Inde. Il est donc riche de différentes cultures et de connaissances qui proviennent de plusieurs époques. Pour mieux comprendre les origines du karaté, le kalarippayatt, le « poing chinois » et le kung fu seront développés plus en profondeur.

     Inde

                Le kalarippayatt est reconnu pour être l’art martial le plus ancien. Il tire en effet ses origines des peuples dravidiens dans l’Inde ancienne puis des traditions guerrières aryennes. Les traces écrites les plus reculées de son existence remontent au 2ième siècle avant J-C et consistent en des inscriptions sur des feuilles de palmes (Denaud, 2009). C’est un style qui est originaire du Kerala, une région dans le Sud de l’Inde, et qui est rapidement devenu un élément culturel important des gens de l’époque. Au 9ième siècle, le kalarippayatt se raffine et devient plus codifié. Il est très présent à l’école et toutes les classes de la société l’apprennent et l’enseignent. Les Nayars, une caste guerrière du Kerala, le pratiquent et maintiennent l’ordre tout en protégeant le peuple et le roi. Grâce à eux, il était reconnu par tous les voyageurs que les côtes avaient une sûreté qu’on ne retrouvait nulle part ailleurs (Zarrilli, 1998)! Puis, au 11ième et 12ième siècle, le Kerala est divisé en plusieurs principautés qui se font constamment la guerre. Le kalarippayatt se perfectionne beaucoup pendant cette période à cause des nombreux affrontements entre les belligérants. Le moyen le plus utilisé pour régler les conflits était le recours aux chekavars (Denaud, 2009). Ces derniers étaient l’équivalent des gladiateurs romains. Les deux partis envoyaient leurs meilleurs guerriers et ces derniers devaient combattre sur une arène de 6 pieds de hauteur, avec ou sans armes. Celui qui dominait l’assaut (qui se terminait la plupart du temps par la mort du perdant) donnait la victoire à son roi. Lorsque les Britanniques l’emportèrent sur les Nayars, le kalarippayatt perdit de sa popularité à cause de l’introduction des armes à feu. Puis, au 19ième siècle, il connut un réel déclin lorsque l’endroit devint une colonie britannique. La pratique du kalarippayatt fut interdite ainsi que le port d’armes.

                Cet art martial se divise en trois branches principales qui sont en fait des régionalismes. Il y a le style du Sud (appelé thekkan), le style du Nord (appelé vadakkan) et le style central (appelé madhya) (Denaud, 2009). Le thekkan kalari se caractérise par la forte attention portée au combat à mains nues alors que le vadakkan kalari travaille en grande partie avec les armes. Le style central, quant à lui, donne une grande importance à la force des jambes et à la vitesse (Bindra, 2005). Outre leurs positions géographiques et les différences de pratique, ces courants ne partagent pas tous les mêmes méthodes de guérison. En effet, tout bon guru doit être en mesure de guérir et d’utiliser la médecine. Celle-ci est basée sur les croyances religieuses et travaille au niveau de l’énergie corporelle (méridiens, chakras etc.) (Zarrilli, 1998). Elle consiste en différentes méthodes de massages énergétiques sur des points vitaux précis.

                Le kalarippayatt renferme beaucoup de techniques à mains nues, mais également une panoplie d’armes de différentes sortes. En voici quelques unes : le val (épée), l’urumi (épée très flexible), le katara (dague avec une poignée particulière), le maduvu (arme de poing faite de bois de cerf) (Bindra, 2005). Ce ne sont qu’une petite partie de l’ensemble des armes utilisées qui en compte parfois près d’une trentaine, selon le style.

     Chine

                L’histoire des arts martiaux en Chine est extrêmement ancienne et remonte très loin dans son passé. Si pour plusieurs la tradition guerrière commence lorsque Bodhidharma visite le monastère de Shaolin et y enseigne une « gymnastique de combat », elle se révèle être bien plus ancienne qu’on ne veut le croire. Et pourtant, on retrouve plusieurs traces de pratiques martiales jusque dans les débuts de la civilisation chinoise. Huang Di, surnommé l’Empereur Jaune, reconnu comme étant le civilisateur de la Chine pendant son règne de -2697 à -2597 (même si en théorie un règne de 100 ans est impossible, l’histoire traditionnelle chinoise accepte ces dates) (Kamenarovic, 1999). Il aurait écrit des traités sur les arts martiaux et aurait enseigné un style de combat à son armée, ce qui lui a permis de vaincre Chih Yu. Selon plusieurs sources crédibles, ce serait le Jiaodi que Huang Di aurait enseigné à ses soldats, ce qui est très vraisemblable.

                Plus tard, vint la dynastie Shang (de -1767 à -1122) qui se révèle importante pour les archéologues. En effet, elle marque la fin de la Chine préhistorique et constitue l’âge de bronze. C’est la démarcation entre l’histoire de légende et l’histoire archéologique puisqu’avant les dynasties ne laissaient aucune traces écrites de leurs passages. La dynastie Shang, cependant, a témoigné par inscriptions sur bronze de son existence (Ebrey, Buckley, Walthall, Palais, 2006).  C’est également à cette époque que commence à se pratiquer une discipline martiale plus structurée (que l’on associe au Shou Bo) mais encore incomplète car elle n’est pas codifiée et qu’elle n’est pas encore abordée sous tous ses aspects et avec détails dans les traités. Plus tard, vers le 7ième siècle avant J-C, les documents parlent d’une méthode de combat libre ressemblant au sanda (sport de combat libre chinois né au début du 20ième siècle) et portant le nom de Xiang Bo (Kang, 1995). Ensuite, en 509 avant notre ère, Confucius parlait des arts martiaux et recommandait leur pratique pour tous, et non seulement les réserver aux castes militaires et autres privilégiés (Kang, 1995).

                Le Livre des rites (articles écrits par des sages Zhou et compilés/commentés par des confucéens, appelé Li Jing/Li King) fait mention d’une méthode de lutte appelée Jiaoli (la force des cornes). Si cette note date des alentours du premier siècle avant J-C, le Shuai Jiao (nom moderne) est cependant bien plus ancien. En fait, il est historiquement le plus vieux des arts de combat codifiés en Chine et un des plus âgés dans le monde. Il est à l’origine des autres styles chinois (CKI, 2003). À la base, Huang Di l’aurait enseigné à ses soldats pour vaincre une armée qui avait de meilleures armes. À cette époque l’art martial portait le nom de Jiao Ti/Di (résister aux cornes) et se résumait à un système de préhension avec le port d’un casque cornu pour éventrer l’adversaire. C’est pendant la dynastie des Zhou (de -1046 à -256 avant notre ère) qu’il s’est transformé pour devenir le Jiao Li, un sport de corps à corps avec percussions, préhensions, blocages articulatoire etc. Cette méthode complète était enseignée aux soldats comme l’étaient le tir à l’arc, l’équitation etc. (Tong, 2005). Au début de la dynastie Qin (de 221-207 avant J-C), le Jiao Li devient un sport pour tous et non plus réservé aux soldats. Des compétitions sont organisées dans les palais et les meilleurs sont recrutés par l’armée impériale (CKI, 2003). Depuis, le Jiao Li s’est transmis autant dans le cadre sportif que militaire et se résume au corps à corps (lutte). Il est encore pratiqué aujourd’hui sous le nom de Shuai Jiao et est régis par des associations sportives.

     

                Sous le règne des Qin se situent aussi les premières traces d’un art martial nommé Shou Bo, qui signifie « combat à mains nues ». Ce style sera pratiqué jusqu’à la fin de la dynastie Song (de 960 à 1269). Ce style a fortement imprégné la culture martiale chinoise et il a été interprété de différentes façons au fil de l’histoire, se confondant avec d’autres méthodes. Sous la dynastie Han (de 202 à 221) il est appelé Bian, puis lors de la gouvernance Tang (de 618 à 907), le terme Jiao Di est confondu et devient synonyme de Shou Bo. Pendant la période des Cinq Dynastie et des Dix Royaumes (de 907 à 960), les techniques de combats du Shou Bo sont présentées dans un livre nommé Jiaoli Ji. Puis, lorsque ce gouvernement est remplacé par les Song (de 960 à 1279), Xiang Bo signifie désormais la même chose que Shou bo (Yuan, 2011). À partir du 2ième millénaire, les pratiquants de Shou Bo se font face sur des arènes appelées « leitai » (le « leitai » deviendra à partir de ce moment une facette culturelle importante du mouvement martial. Il s’agit d’une plateforme de combat surélevée où les combattants s’affrontent pour de l’argent, des titres de champions ou pour régler des conflits inter-écoles ou d’honneur) ou font des exhibitions dans les festivals et foires. Cependant, lorsque Kubilaï Khan renverse les Song et que la Chine est envahie en 1279, les Mongols dominent le territoire et interdisent le Shou Bo de peur que ce dernier donne un avantage aux possibles révoltes chinoises (Yuan, 2011). Tous les arts martiaux sont interdits (seuls les opéras peuvent contenir des mouvements de combat) à l’exception du Bokhe, la lutte traditionnelle mongole. Ce sont les Ming (de 1368 à 1644) qui ramèneront la pratique des arts martiaux complets à la fin du règne Yuan (les Mongols). À partir de ce moment, le terme Shou Bo n’est plus utilisé et est remplacé par Quan Shu.

     

    La naissance du kung fu :

                Avant d’entrer profondément dans le sujet, il est important de clarifier les termes utilisés pour faire références aux arts martiaux chinois. Le mot « kung-fu » est une occidentalisation de « gong-fu », qui signifie le résultat d’un long travail, apprentissage. Ainsi, quelqu’un peut avoir un bon kung-fu en cuisine, en musique, en peinture etc. Dans le langage profane, il représente souvent les arts martiaux traditionnels de chine. Le mot wushu, lui, veut dire « art martial » (qu’il soit chinois ou non). Trop souvent, il est dénaturé et est utilisé pour parler du « kung-fu moderne » (Jamieson, Tao ; 2002). En réalité, les deux termes veulent dire la même chose, soit un art martial. Les expressions Quan Fa (poing chinois) et boxe chinoise sont aussi utilisées. Ce qui différencie le kung-fu des techniques de combats anciennes citées plus haut, c’est la profondeur et la recherche technique. Alors que les anciennes méthodes, bien qu’efficaces, sont plus des sports de combat ou des luttes qui s’en rapprochent, le kung-fu est quant à lui beaucoup plus développé. Les mouvements ont étés travaillés et retravaillés puis codifiés sous des taolus (appelés aussi « formes », l’équivalent chinois des « katas »). L’éventail technique est beaucoup plus large, chaque style ayant bien sûr des spécialités, et il y en a pour tous les goûts : d’innombrables styles de frappe (pieds et poings), des clés articulaires, des projections, des cassages, des gymnastiques énergétiques, des endurcissements osseux et des attaques de points vitaux.

                Il existe aujourd’hui pas moins de 500 styles de kung-fu différents qui sont souvent divisés en catégories. Ces catégories ne sont cependant pas absolue et ne représentent que des tendances (on retrouve souvent les caractéristiques principales d’un style dans un style d’une autre catégorie). La première division est celle de l’interne/externe. Les styles externes sont des arts martiaux dits « durs » parce qu’ils utilisent la force physique et la vitesse de leurs muscles combinés à un entraînement d’endurcissements pour vaincre l’adversaire. On peut nommer dans cette catégorie le Hung Gar, le Baji et le Bak Mei. Les styles internes sont des kung-fu dits « souples » car ils se concentrent sur l’énergie interne (concept du Qi) en effectuant des mouvements plus lents. Le Tai-chi, le Baguazhang et le xingyi sont des arts martiaux internes (Tianji, Xilian ; 1991). L’autre division est faite par rapport à la provenance géographique du style. On sépare le Sud et le Nord parce que des tendances se font voir selon la région. On dit : « Nan Quan bei Tui » (au Sud les pieds, au Nord les poings) parce qu’en effet, les styles du Sud utilisent beaucoup plus des positions basses et des techniques de mains puissantes tout en gardant les coups de pieds très bas. Au contraire, au Nord, les positions sont beaucoup plus hautes avec des coups de pieds portés au visage et souvent sautés en plus d’acrobaties et de roulades (Guo, Kennedy ; 2005). Ceci s’explique par des facteurs géographiques (les vastes plaines du Nord contre les rizières du Sud) mais aussi par les mentalités différentes (la Chine abritant plusieurs ethnies et cultures).

    shaolin

                Le kung-fu est né selon la légende au temple de Shaolin et s’est ensuite répandu dans toutes la Chine. Si ce fait contient une part de vérité, la réalité tend plus vers ceci : oui, Shaolin-si a eu un grand rôle dans le développement du kung-fu mais il n’en constitue pas la seule source originelle. D’autres régions, comme le Cangzhou, ont également vu naître le wushu. D’autant plus qu’il y eu plusieurs temples Shaolin dans l’histoire de la Chine…

                Le premier temple Shaolin (shao-lin signifiant « jeune forêt) est situé sur le Song Shan, une des cinq montagnes sacrées de Chine, dans le Henan. Il fût fondé au 5ième siècle et est présentement dirigé par Shi Yongxin. La légende raconte que Bodhidharma, un moine indien, aurait amené le bouddhisme Chan et du même coup les arts martiaux au temple Shaolin. Si pour la majorité des profanes ce fait est vérité, il en est tout autre dans la réalité. Le texte sur lequel sont basées ces suppositions est en réalité une falsification (Shahar, 2008).   Le livre, bourré d’anachronisme et d’erreurs, a en fait été écrit au 17ième siècle. Cette bavure n’enlève pas moins à Shaolin son influence sur le monde des arts martiaux. Ce serait en fait le boddhisattva Vajrapani qui est à l’origine des techniques de combat au temple. Dès la dynastie Tang (de 618 à 907), on accorde une réputation martiale aux moines qui en 610 repoussent une attaque de bandit au monastère. Onze ans plus tard, ils participent à la bataille de Hulao et leur compétence leur vaudra une récompense de l’empereur.

                Le kung-fu de Shaolin s’est développé au fil des années et le temple est devenu célèbre dans toute la Chine pour la qualité de ses combattants. Nombreuses histoires relatent leur efficacité contre les voleurs et les pirates.


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  • Dans le cadre du cours Projet en histoire, je devais effectuer une recherche et écrire un travail long sur un sujet libre et en faire un projet concret. Mon sujet est l'origine du karaté et mon projet et de faire un livre d'information sur les origines du karaté. Il falait également partager le fruit de notre travail par le biais d'un blog. Voici donc les premiers chapitres de ce livre.

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